Vendredi 28 mars (14h-17h30) Université Paris 8 (salle ou amphi à préciser)
Cette journée sera consacrée à la seconde des thématiques transversales du CIRCEFT : « Étude contextualisée des pratiques et identités professionnelles dans les métiers du travail sur autrui ».
Elle donnera lieu à quatre interventions à partir de travaux en cours dans les différents axes du laboratoire.
Cette demi-journée de travail sera suivie d’une réunion du conseil de laboratoire.
Présentation des interventions
« L’identité professionnelle » des éducateurs de jeunes enfants comme analyseur des mutations du champ de la petite enfance"
Mej Hilbold
Dans un contexte marqué par un mouvement à la fois de déqualification et de professionnalisation des professionnels les moins qualifiés, les mutations du métier d’éducateur de jeunes enfants (EJE) apparaissent comme un analyseur du champ de la petite enfance. Ces changements touchant au cœur du métier et à l’idéal professionnel des EJE, il devient intéressant de se pencher sur ce qui est nommé, d’une part par les professionnels eux-mêmes, d’autre part par un courant de la sociologie des professions (C. Dubar, 1991 et 2000 ; R. Sainsaulieu, 1988), « l’identité professionnelle ». Mon travail de recherche porte sur les différents sens pris par cette expression lorsqu’elle devient injonction ministérielle et qu’elle se décline dans les projets d’établissement des centres de formation pour EJE ; lorsqu’elle risque de se vider de son sens, donc. C’est dans la tension entre catégorie de pensée et catégorie de sens commun que s’élabore ma réflexion, tentant de renouveler la théorisation autour de la question de l’identité professionnelle en lui injectant les théories issues du care et des études de genre. En effet, pour les théoriciennes féministes (ainsi que pour le courant de pensée « queer »), l’identité se conceptualise à partir des apports de Michel Foucault, dans un difficile équilibre entre le risque de réification, d’essentialisme, les impératifs de la lutte pour la reconnaissance, la remise en cause des normes dominantes et la mise au jour des entreprises de normalisation par le biais de catégorisations binaires (homme / femme, hétérosexuel / homosexuel, etc. renvoyant au couple normal / pathologique) formant des identités collectives discriminées. Par une observation clinique des dynamiques d’équipes dans les structures d’accueil de la petite enfance, je cherche à faire émerger les divers sens de l’expression « identité professionnelle » pour les éducateurs de jeunes enfants, dans leur quotidien de travail, c’est-à-dire ce qui est désigné par eux comme « identité professionnelle ». Je présenterai donc quelques aspects de ma méthodologie d’observation et d’entretien afin de montrer sa cohérence avec mes choix théoriques et avec le propos que je cherche à développer sur « l’identité professionnelle ».
Approche comparative des pratiques et professionnalités de trois catégories d’acteurs intervenant dans les écoles élémentaires parisiennes : les enseignants, les animateurs « permanents » de la ville de Paris, et les intervenants « occasionnels »
Julien Netter
Dans les écoles élémentaires parisiennes, la journée des enfants est scandée par l’alternance de temps successifs dont certains sont qualifiés de « scolaires » et d’autres par opposition de « périscolaires ». Ces étiquettes renvoient avant tout à l’institution –État ou municipalité- responsable de leur organisation, et à la catégorie des acteurs encadrant l’activité des enfants, qui en constitue l’expression la plus évidente sur le terrain. Outre les enseignants on retrouve ainsi du côté du scolaire des enseignants spécialisés, des professeurs de la ville spécialisés en arts et en sport, et des intervenants ponctuels qui participent aux projets de la classe. Du coté du périscolaire, le terme unique d’« animateurs » masque l’hétérogénéité des personnels concernés, dont les statuts et conditions de travail sont très différents selon qu’il s’agit de personnels permanents ayant éventuellement un poste spécifique, de remplaçants plus ou moins précaires, d’intervenants ponctuels responsables d’un projet périscolaire, d’enseignants ou de professeurs de la ville intervenant hors la classe. Une partie de mon travail de thèse est influencée par le cadre théorique construit par l’équipe de la clinique de l’activité, mais n’en reprend pas à ce jour totalement la méthodologie spécifique ce qui rend vraisemblablement prématurée l’utilisation des concepts de « genre » et de « style » autrement que sous forme d’hypothèses. En m’appuyant sur un grand nombre d’observations de type ethnographique et sur des discussions informelles menées avec les acteurs visant à faire émerger leurs manières de faire et les raisons qui leur sont sous-jacentes, je tente de montrer que trois catégories de personnels développent des identités professionnelles différentes et parfois conflictuelles qui impactent fortement la nature de l’activité menée dans les différents temps. « Scolaire » et « périscolaire » apparaissent alors comme des constructions hétérogènes qui sont moins définies par la nature de l’activité qui y est menée que par la façon dont cette activité est conçue par les encadrants
L’internationale des communautés d’enfants Utopies et modèles pédagogiques dans l’après Seconde guerre
Samuel Boussion, Mathias Gardet, Martine Ruchat
Convoqués par l’Unesco, une trentaine d’experts et de pédagogues d’une dizaine de pays se réunissent en juillet 1948 à Trogen en Suisse pour réfléchir à la prise en charge et à l’éducation des enfants victimes de la guerre. A l’issue de cette rencontre, ils fondent la Fédération internationale des communautés d’enfants (FICE) qui constitue pendant plus d’une quinzaine d’années un réseau dynamique d’échanges et de rencontres entre professionnels d’horizons différents. Aux lendemains du chaos engendré par cette conflagration mondiale, ils partagent en apparence la même conviction : il y aurait un devoir de réparation, une dette envers ces enfants qui incarnent par excellence les victimes civiles et innocentes du conflit, transcendant les découpages géo-politiques de la période entre vainqueurs et vaincus. Ils sont à la fois pétris d’un nouvel idéal humanitaire, pacifiste et internationaliste et très vite rattrapés par les premiers heurts de la guerre froide qui succède plus discrètement aux faits d’armes et de destruction. Educateurs en quête d’un renouveau pédagogique, experts du psychisme observant à la loupe cette nouvelle population de traumatisés, utopistes à la recherche de la « cité parfaite », politiciens et diplomates stratèges retissant leurs réseaux, chacun à sa façon tire ses billes de cette aventure et assaisonne à sa sauce les expériences de communautés, républiques et villages d’enfants. Un groupe de recherche franco-suisse en collaboration avec l’Unesco s’est constitué pour tenter de saisir les différentes influences et courants à l’origine de cette notion de communautés d’enfants, ainsi que d’identifier les différentes expériences qui se rassemblent et semblent se reconnaître au sein de la FICE, pour finalement analyser la déliquescence de ce modèle basé sur une participation active des enfants, venant rejoindre la cohorte des maisons d’enfants et adolescents des années 1960, sans plus défendre une originalité pédagogique. Dans le cadre de la journée transversale du Circeft dont le thème est « Étude contextualisée des pratiques et identités professionnelles dans les métiers du travail sur autrui », nous souhaiterions présenter cette approche autour de deux pistes de recherche encore en cours d’élaboration : 1) La mise en place à Genève de cours internationaux de moniteurs de homes d’enfants censée repenser la formation des éducateurs et renouveler leurs pratiques pédagogiques ; 2) L’apparition d’un nouveau courant au sein de la psychiatrie infantile centrée autour de la question du traumatisme de guerre, porteur en soi de nouvelles formes de troubles du comportement, qui vient se heurter aux plus anciennes nosographies fondatrices de la psychiatrie infantile en France qui, elle, est basée sur l’hérédité et le milieu et résiste à intégrer dans ses théories l’événement de guerre considéré avant tout comme conjoncturel.
Adaptations curriculaires contextualisées et inégalités
Marion van Brederode et Élisabeth Bautier
Une grande partie des recherches de l’équipe Circeft-Escol ont, jusqu’à ces dernières années, porté sur les analyses qualitatives de pratiques enseignantes afin de mettre au jour le rôle de ces pratiques dans la construction des inégalités scolaires et sociales. Ces recherches ont permis de construire un certain nombre d’indices et d’hypothèses concernant les adaptations des pratiques à des contextes d’enseignement. Il s’agit, pour la nouvelle recherche qui sera présentée, de construire des descriptions de pratiques d’enseignement suffisamment fines mais également génériques afin de rendre compte des phénomènes d’adaptation, leur visée étant de permettre un traitement statistique de l’ensemble des données recueillies. Ces données, constituées par les cahiers d’élèves de 6ème dans trois disciplines de classes et d’établissements identifiés par leur population, sont censées permettre d’identifier les adaptations curriculaires effectuées en fonction des contextes d’enseignement. Seront développés des questions méthodologiques, certaines hypothèses et les premiers résultats. La méthodologie employée devrait permettre de préciser plus finement comment les relations entre les différents domaines étudiés (opérations de pensées sollicitées, types d’écrits demandés, organisation des supports…) peuvent avoir un rôle différenciateur des savoirs et apprentissages des populations d’élèves. Les premiers résultats semblent permettre d’identifier des manières dominantes de faire la classe (place de l’oral et de l’écrit) dans les trois disciplines retenues, mais aussi de faire apparaître des éléments potentiellement différenciateurs qui n’avaient pas été pensés comme tels auparavant (rapport entre cours et évaluation, par exemple).
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